De l’identité numérique québécoise à... la prison: l’un des (Forum)

par Jéromec, mardi 06 mai 2025, 07:31 (il y a 6 heures, 56 minutes)

Qui se ressemble s'Assemble...
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De l’identité numérique québécoise à... la prison: l’un des cerveaux informatiques d’Éric Caire est un fraudeur

NL ATR 001 Logo Nicolas Lachance, mercredi 04 septembre 2013. ANNIE T ROUSSEL/JOURNAL DE QUEBEC/AGENCE QMI
Nicolas Lachance

Mardi, 6 mai 2025 00:00

MISE À JOUR Mardi, 6 mai 2025 00:00

Le gouvernement du Québec a fait confiance à un fraudeur, aujourd’hui emprisonné aux États-Unis, pour développer son projet d’identité numérique. Lorsqu’il a finalement été congédié, l’informaticien Yan Ouellet est parti avec ses secrets, minant le déploiement de l’application devant permettre aux Québécois de faire toutes leurs transactions avec l’État sur leur téléphone.

Depuis bientôt cinq ans, c’est l’omerta à ce sujet au gouvernement du Québec. À la fin du mois de juin 2019, environ un an après l’élection de la CAQ, le Conseil du trésor a engagé le consultant Yan Ouellet.
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Son mandat: accompagner le gouvernement pour mettre en place la transformation numérique du Québec, grâce à des logiciels libres.

Rapidement, il deviendra l’architecte du projet d’identité numérique et agira directement sous la gouverne de l’ex-ministre du Numérique, Éric Caire.

Pourtant, depuis 2017, le nom de Yan Ouellet est sur le radar de l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Il est publiquement nommé pour des activités liées à PlexCoin, une cryptomonnaie avec laquelle il est suspecté d’avoir floué environ 15 000 investisseurs (voir autre texte).

Le tribunal administratif des marchés financiers a même émis une ordonnance en 2018 pour bloquer de ses actifs personnels.
Les promesses de Caire

Entre-temps, il a réussi à créer un «démo» tangible du projet d’identité numérique québécois.
Yan Ouellet, 41 ans, a été arrêté à Boston en 2023, avant d’être condamné en novembre dernier à 51 mois de prison pour son rôle dans le scandale sur la monnaie virtuelle PlexCoin.
Photo d’archives, Stevens Leblanc

Emballé par le travail de Yan Ouellet, le ministre Caire accorde une entrevue à Radio-Canada en décembre 2019 dans laquelle il promet une application sécurisée pour que les citoyens puissent payer des permis, ou prendre des rendez-vous, au plus tard au début de l’année 2021.

«J’espère qu’on fera une entrevue, dans un an jour pour jour, dans un cabinet de médecin avec votre téléphone dans les mains pour montrer l’application!» avait déclaré Éric Caire.
«Expertise unique»

Que s’est-il passé ensuite? À l’approche de l’été 2020, Yan Ouellet est dans la mire des autorités américaines.

Le scandale PlexCoin prend de l’ampleur. Ouellet, qui agissait comme directeur des technologies de l’information de PlexCops, pourrait faire face à la justice avec des complices.

Son nom circule dans certains médias, mais il continue de rentrer au travail. Personne ne pose de questions.
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En parallèle, avec une petite équipe, l’informaticien bâtit le projet d’identité grâce à de nombreux logiciels libres.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Il est le seul à connaître le secret de sa recette, dit-on. Il est vu par certains fonctionnaires comme un «génie».

«Par son expertise unique dans la complexité des technologies de pointe, M. Ouellet jouait un rôle dans le développement et la démonstration de la preuve concept», a confirmé, le 2 mai dernier, le porte-parole du ministère de la Cybersécurité et du Numérique, Émile Boudreau.
La chute

Malgré les rumeurs à son sujet, le ministre Caire et la direction font fi de son implication dans la fraude PlexCoin.

En juin 2020, un article du Journal le nommant ajoute de la pression: il est officiellement poursuivi par l’Autorité des marchés financiers à cause du projet PlexCoin.

Encore une fois, durant quelques semaines, ses patrons ferment les yeux. Ce sont des employés qui les ont avertis des risques réputationnels de garder Yan Ouellet sur le projet. Le gouvernement décide donc de mettre fin à son partenariat afin de sauvegarder son image.

Le problème, c’est qu'Éric Caire avait promis plusieurs fonctionnalités que seul Yan Ouellet pouvait faire et concevoir.

Après analyse, personne n’était capable de prendre le relais. Selon nos informations, le ministère de la Cybersécurité s’est entêté pour trouver des solutions jusqu’en 2023, en vain.

Malgré 22 millions $ déjà dépensés, le projet devant être la pièce maîtresse de l’informatisation des services de l’État a été officiellement mis sur la glace et n’apparaît même plus au Plan québécois des infrastructures (PQI).
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Un passé trouble et une condamnation

Lors de sa condamnation à Cleveland pour une escroquerie de 8,2 millions $ en cryptomonnaie, le passé lourd de consommation de drogue et d’alcool de l’architecte du projet d’identité numérique québécois a été révélé.
Yan Ouellet, 41 ans, a été arrêté à Boston en 2023, avant d’être condamné en novembre dernier à 51 mois de prison pour son rôle dans le scandale sur la monnaie virtuelle PlexCoin.
Photo courtoisie

Yan Ouellet, 41 ans, a été arrêté à Boston en 2023, avant d’être condamné en novembre dernier à 51 mois de prison pour son rôle dans le scandale sur la monnaie virtuelle PlexCoin.

«Il a aidé à développer le projet», a confirmé la juge du tribunal de Cleveland.

Selon son avocat Michael Goldberg, avant le scandale, Ouellet «travaillait pour le gouvernement du Québec et luttait contre une dépendance au crack et à l’alcool».

En 2017, Ouellet travaillait comme spécialiste en technologie de l’information de PlexCorps. Il a aidé à développer la cryptomonnaie, promettant des rendements rapides de 1354% aux investisseurs.

Dominic Lacroix, cerveau de l’opération et propriétaire de PlexCorps, a été condamné à Québec en 2024 à 42 mois de prison et à une amende de 6,8 M$. Il s’était enfui avec l’argent avant d’être arrêté.
Yan Ouellet, 41 ans, a été arrêté à Boston en 2023, avant d’être condamné en novembre dernier à 51 mois de prison pour son rôle dans le scandale sur la monnaie virtuelle PlexCoin.
15 000 personnes flouées

Selon le média local Cleveland.com, la procureure Megan Miller a déclaré que Yan Ouellet recevait un salaire annuel de 100 000$ de PlexCorps et une partie en cryptomonnaie.

«Le projet n’aurait pas fonctionné sans lui», a affirmé la procureure, alors que plus de 15 000 investisseurs ont été fraudés dans cette affaire.

«Vous avez aidé à escroquer des individus de leur argent durement gagné», a déclaré la juge Patricia Gaughan.

Ouellet purge sa peine aux États-Unis, mais devrait être de retour au Canada en septembre pour compléter sa sentence. Il devra également payer environ 50 000$ américains aux victimes non indemnisées. Au Québec, Yan Ouellet avait aussi été condamné à payer une amende de 400 000$.

– Avec la collaboration de Philippe Langlois
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