R-C Le souvenir d’une vie pour la famille Xhekaj (Forum)

par Jéromec, mercredi 24 septembre 2025, 19:29 (il y a 19 jours) @ Blake

https://ici.radio-canada.ca/sports/2194752/arber-florian-xhekaj-match-canadien

R-C Le souvenir d’une vie pour la famille Xhekaj

L’aîné est un défenseur sur qui les recruteurs de la Ligue nationale de hockey ont levé le nez à trois reprises avant que le Canadien l’invite à son camp des recrues et qu’il devienne l’une des belles trouvailles de la saison 2022-2023.

Le cadet a lui aussi été boudé à sa première année d’admissibilité au repêchage, puis le CH s’est empressé de le réclamer au quatrième tour, en 2023, en prédisant qu’on avait ici affaire à une "licorne".

À un joueur qu’on ne rencontre pour ainsi dire jamais.
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Après que l’industrie leur eut lancé initialement de tels signaux, imaginer les frères Xhekaj jouer un match de la LNH dans la même équipe pouvait ressembler, il y a quelques années à peine, à un rêve lointain sinon farfelu.
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Cela s’est finalement produit mardi soir, au Centre Bell, dans une rencontre préparatoire où Arber et Florian Xhekaj ont tous les deux marqué dans une victoire de 4-2 du Canadien.

Et cela s’est fait sous les yeux de leur mère Simona.

"Durant toute leur vie, mes parents ont tout sacrifié pour mon frère et moi", a raconté Arber. "Ils dormaient dans la voiture, ils nous conduisaient à Toronto pour chaque entraînement et chaque tournoi, et chaque dollar a été dépensé sur Florian et moi."

"Qu’elle ait été là ce soir pour voir là où on est rendu, c’est assez spécial."
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Simona avait amorcé son quart de travail au Costco quand son patron a appris que ses deux fils seraient en uniforme face aux Flyers de Philadelphie.

"Il lui a dit : "Quoi, tes deux gars jouent? On ne sait pas combien de fois ça pourrait arriver. Tu devrais probablement y aller"", a raconté Florian après le match.

Simona n’a fait ni une ni deux et a roulé pendant six heures de Hamilton à Montréal. Puis, elle s’est faufilée dans l’appartement de leurs fils durant leur sieste d’avant-match, et elle les attendait lorsqu’ils se sont réveillés.

"Je suis sorti de ma chambre après ma sieste et je l’ai vue. Elle est devenue émotive. C’était tout un moment pour elle de voir ses deux gars jouer un match ensemble. Et c’était spécial de la voir ici", a confié Florian.

C’était spécial avant même que le match commence.

L’attaquant recrue n’avait pas encore donné l'avance 2-0 au Tricolore en trompant le gardien Samuel Ersson avec un genou par terre…
Une touche de couleur et de chaos

En deuxième période, Florian était vidé. Il venait de s’incliner devant le colosse Nicolas Deslauriers et était presque assis sur la glace lorsque leur combat a pris fin.

"Beau travail, mon gars", lui a dit Deslauriers en lui donnant une petite tape sur la joue avant de s’éloigner vers le banc des punitions.

Il allait lui offrir un ou deux compliments de plus pendant leur séjour au cachot.

C’est que plus personne ne veut s’en prendre à Deslauriers. L’an dernier, l’ancien homme fort du Canadien n’a engagé le combat qu’à trois reprises en 31 matchs. C’est de plus en plus difficile pour lui de trouver des volontaires.

C’était peut-être un peu écervelé de la part de Florian de s’en prendre au détenteur de la ceinture dès son premier combat dans un match avec des joueurs de la LNH.

"Ouais, il a volé le spectacle", a lancé Arber, qui s’est lui-même battu avec Deslauriers à sa saison recrue, en novembre 2022.

Ça a été un bon combat. J’ai eu peur pendant un moment, mais je dois réaliser qu’il a vieilli, qu’il a ma grosseur et que ce n’est plus un petit garçon. Je dois me sortir ça de la tête.
Une citation de Arber Xhekaj

"Je suis fier de lui. Il connaît son rôle et il le remplit très bien."

C’était écervelé, et c’est en partie ce qu’aiment les amateurs des frères Xhekaj. Ce ne sont pas les frères Hanson du film Slap Shot, mais ils apportent néanmoins dans leur jeu une dose de chaos et de violence imprévisible qui force l’adversaire à se méfier d’eux.

Les deux frères ont une forme d’agression qu’ils ont parfois de la difficulté à maîtriser et qui est susceptible de mettre leur équipe dans le pétrin. On l’a vu mardi soir lorsqu'Arber est sauté sur Rodrigo Abols sans motif valable, transformant l’avantage numérique dont devait profiter le Canadien en deux minutes supplémentaires où l'équipe devait se défendre avec un homme en moins.

Si le chaos était toujours contenu avec doigté, il cesserait d’être du chaos.

La saison dernière, avec le Rocket de Laval, les amateurs se sont amourachés de Florian de la même manière que les partisans du Bleu-blanc-rouge se sont pris d’affection pour Arber.

Les frères apportent une autre forme de spectacle que celui qu’alimentent les Hutson, Suzuki, Caufield et Demidov. Mais ils ajoutent assurément à l’organisation une touche de personnalité et de couleur qui la rend encore plus intéressante.

Ce n’est donc pas surprenant que certains réclament Florian à Montréal et qu’ils lui prédisent un poste dès le début de la saison.

Ça demeure peu probable.

Le jeune homme est encore en apprentissage et il doit améliorer ses lectures en défense, selon Martin St-Louis. Mais viendra le jour où sa robustesse, son tir de qualité, sa capacité à jouer au centre et sur les deux unités spéciales lui permettront de trouver sa place dans l'équipe.

"Il perturbe beaucoup de choses", a relevé St-Louis. "Il arrive là avec l'intention de perturber. Il est en échec avant? Il va perturber. Il ne ralentit jamais quand il est le premier attaquant en fond de territoire."

"On le remarque quand il est sur la glace, et c'est ce que veut un jeune joueur. Il veut laisser sa marque. Et qu'il fasse partie de l'équipe ou non, il doit laisser sa marque."

"Se battre contre un gars comme Deslauriers permet généralement d'y arriver…"

Cela fait quelques jours que l’entraîneur-chef exprime le vœu de voir son équipe jouer avec plus de robustesse cette saison. Il ne s’agit pas de frapper sans raison ou de constamment jeter les gants, mais de sortir l’adversaire du jeu pendant un instant grâce à un coup d’épaule et se donner de l’espace pour créer des choses.

Cela doit être une mentalité d’équipe, insiste St-Louis, plutôt que l’apanage de deux ou trois joueurs.

Or, Florian Xhekaj écrit son autobiographie sur du papier sablé et il sait qu’il a amplement ce dont l'entraîneur du Canadien a besoin.

En temps et lieu, il pourra le lui donner.

"Il veut être Florian Xhekaj, il ne veut pas juste être le frère d’Arber", a dit l’aîné.
Un défi pour Arber

Pendant que Florian tente de remporter la bataille pour un poste dans la LNH en début d’année, Arber a l’occasion de consolider sa place en montrant qu’il est capable de jouer en infériorité numérique.

La retraite de David Savard a libéré de précieuses minutes qui pourraient lui revenir s'il prouve qu’il a ce qu’il faut pour écouler les punitions.

"Il a de l’expérience, il a vu assez de répétitions, il a été dans plusieurs meetings. Et, de temps en temps, il faut qu’il en écoule, a dit St-Louis. Il doit continuer de s’améliorer, mais c’est à lui de le ramasser et de le mettre dans ses bagages. Il faut qu’il soit capable de faire ça."

Mardi, on l'a entre autres vu dans une situation de double infériorité.

Puis, en fin de rencontre, dans une situation de 6 contre 4 avec le filet désert des Flyers, Arber a mis un point d’exclamation sur cette soirée unique en marquant dans un filet désert.

Il fallait bien qu’il fasse arme égale avec son jeune frère!

Après une soirée dont la famille de souviendra toujours, Simona Xhekaj, bercée de rêves et de souvenirs, allait reprendre la route vers Hamilton aux aurores, mercredi.

Le travail continue.

Et il continue aussi pour ses deux fils.


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